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Photo du rédacteurNatacha M.

Ça fait quoi d'être parent?


C'est la question que vos proches sans enfant vont vous balancez tôt au tard...

"Alors tu se sens changée?"

Si cette question piège vous est adressée alors que vous êtes encore shootée aux hormones, meurtrie d'un accouchement éprouvant, les paupières gonflées par les larmes de joie, de douleurs, de soulagement ou d'épuisement et avec la marque du cathether sur l'avant bras et une poitrine au bord de l'explosion, probablement que l'on a envie de dire oui, morphologiquement parlant.

Avec un peu de recul, disons que je suis la même personne avec ou sans enfant. La maternité n'a pas entraîné une reprogrammation de mon patrimoine génétique. Cela n'a pas fait de moi un être plus raisonnable. Je fonds toujours pour les caracs. Je fais toujours des tâches de dentifrice sur le miroir de la salle de bain. Je m'énerve toujours en voiture (les injures en moins). Je danse toujours comme une hystérique lors de soirées entre filles. Je préfére toujours laver la vaisselle à la main plutôt que vider la machine. Je trépigne toujours à la veille des vacances. Je fais toujours ma Brigitte Bardot dès qu'un animal mignon pointe à l'horizon. Je surfe toujours sur des sites de voyages. Je suis toujours de mauvaise humeur si je m'endors sur le canapé. Bref. Comme avant.

Mais devenir parent reste un bouleversement incommensurable dans une vie.

Cela m'a rendue forte.

On entre nous les femmes dans ce monde de la parentalité par l'épreuve tant redoutée de l'accouchement. On ressent des émotions indescriptibles qui nous donnent les armes pour nous battre toute notre vie pour protéger notre progéniture. Telles des louves, on se sent pousser des crocs et des griffes lorsqu'on touche à l'intégrité de nos enfants. On arrrive à faire fi de la fatigue, du manque de sommeil et de tout autre élément lorsqu'il s'agit de prendre soin d'eux.

Cela m'a rendue fragile.

Ils sont ma force mais aussi ma faiblesse. Je sais que chaque épreuve qu'ils devront surmonter dans leur vie en sera une pour moi aussi. Je sais que chaque douleur qu'ils pourront ressentir sera décuplée dans mes entrailles.

Cela m'a rendue responsable.

Mes décisions n'impactent plus ma seule personne mais ma famille dans son ensemble. Ce que j'entreprends, fait ou dit a une incidence sur mes enfants. Les projets que je dessine pour l'avenir sont esquissés en fonction de leurs besoins et leur bien-être.

Cela m'a rendue sensible.

Il m'est devenu impossible de voir un enfant en détresse sans sentir les larmes humidifier mes yeux. La maternité nous rend investie dans une mission étrange qui nous pousse à protéger les petites âmes de ce monde. Chaque enfant pourrait être le mien et je ressens ce besoin irrépressible de consoler, de calmer et de câliner.

Cela m'a rendue spiritualiste.

Par opposition au matérialisme, je crois que la parentalité à le pouvoir incroyable de nous détacher des objets. Vous apprenez à faire le deuil de votre vase préférée, votre châle en cachemir ou votre table en cerisier.. tant que "bébé va bien".

Au-delà de ça, j'ai appris le pouvoir sans limite d'un sourire ou et la valeur sans fin d'un éclat de rire. Les choses simples et éphémères deviennent inestimables à travers leurs regards.

Cela m'a rendue déterminée.

Je veux tout mettre en oeuvre pour qu'ils vivent une vie sereine et épanouie. Ils sont mon moteur, ma sève et mon oxygène qui me permettront de réaliser mes projets les plus ambitieux juste pour voir scintiller la prunelle de leurs yeux.

Cela m'a rendue prudente.

Loin d'alarmer les secours à la première égratinure, devenir maman m'a transformée en scanner topographique de danger potentiel. Dans chaque lieu, je ne peux m'empêcher de repérer les éléments qui pourraient conduire à des catastrophes: rivière, trafic, blocs de pierre, etc. Limite, je me fatigue moi-même mais c'est plus fort que moi.

Cela m'a rendue fière.

Cela fait bientôt trois ans que je suis maman et pourtant je peine toujours à réaliser que j'ai mis ces deux petits hommes au monde. Je souris béatement de contentement lorsqu'on les complimente pour leur regard azur ou leurs sourires espiègles. Yes, c'est les mon miens à moi. (Ok.ok. un peu à papa aussi. )

Cela m'a rendue épanouie.

Oui avant j'étais heureuse mais maintenant je le suis encore davantage. Les voir, les sentir, les entendre, les toucher, les câliner me comblent de bonheur.

Donc pour répondre aux personnes qui m'avaient posé cette fameuse question et auxquelles j'avais fourni une réponse de cinq minutes boiteuse et désordonnée pour terminer par un "en fait, j'sais pas trop, c'est dure à dire", voici enfin une conclusion plus claire.

Devenir maman n'a pas intrinsèquement changé ma personne mais cela a fondamentalement changé ma vision du monde et redistribué toutes les valeurs qui me guident dans mon quotidien.

Je suis la même.

Sauf que les battements de mon coeur ne résonnent plus seulement dans ma poitrine.

|ah oui, j'oubliais, ça m'a rendue fatiguée aussi, très fatiguée|

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