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  • Photo du rédacteurNatacha M.

Noël avant l'heure


Je vous ai raconté l'accouchement de mon mini#2, il fallait bien que je rassemble mes quelques neurones encore opérationnelles pour me replonger dans mes souvenirs et vous relater la nuit où je suis devenue maman .. les choses se sont précipitées le 18 décembre.. c'était y a trois ans.. 

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Mon terme étant le 12 janvier, ma plus grande crainte c'était de devoir passer Nöel à l’hôpital. Je me voyais déjà seule avec moi-même, mon bébé et mon baby-blues dans une chambre austère à me débattre avec des douleurs post partum pendant que toute ma famille célébrait les fêtes de leur côté dans la convivialité. Je savais que mon bébé allait probablement venir avant le terme. J’avais déjà été hospitalisée à la 29ème semaine pour une menace d’accouchement prématuré donc les probabilités que cette petite crevette reste au chaud jusqu’au 12 janvier me semblaient faibles.

Bidon du dernier jour

J’avais bien raison. Alors que je sentais depuis plusieurs jours que je le portais de plus en plus bas, je me suis levée ce jeudi matin avec une sensation étrange. Mon ventre était très dure, encore plus que qu’habitude. Sans trop m’en préoccuper, j’ai vaqué à mes taches habituelles, ménage, balade. Je sentais quand même qu’il n’allait pas tarder. Au long de la journée, j’ai remarqué que j’avais des pertes de liquide. On nous avait bien dit en cours d’accouchement que la poche des eaux ne se rompait pas toujours de manière franche et qu’en cas de doute, il ne fallait pas hésiter à contacter la maternité car si il y avait bien rupture ou même fissure, bébé n’est plus immunisé contre les bactéries. Prise de doutes, j’ai appelé la maternité que nous avons rejoint en fin de journée. Après quelques tests, on m’a dit que bébé allait très bien et qu’il ne s’agissait pas de liquide amniotique. La sage-femme m’a dit de garder cette crevette au chaud encore une semaine minimum. Je n’avais pas encore atteint les 37 semaines et il était encore, à quelques jours près, considéré comme prématuré s’il venait à naitre maintenant. Rassurés, nous sommes retournés à la maison. Après le repas, alors que j’étais enrouée et enrhumée, j’ai toussé. Et là. Bam. J’ai ressenti un truc trop étrange, il m’a semblé qu’il était descendu d’un étage. Je pense que c’était ce fameux bouchon muqueux qui venait de se barrer. Suite à cela, les écoulements se sont faits plus conséquents mais c’était pas un tsunami non plus. Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais pas rappeler la maternité alors que les sages-femmes venaient de m’affirmer que ce n’était pas du liquide amniotique. Mon mari me disait d’appeler. Moi, je voulais pas passer pour la mère chiante avant même d’en être une. Je me suis assise sur le bord de la baignoire pour essayer de trouver une réponse à ce dilemme cornélien. C’était mon premier bébé, je ne savais vraiment pas comment réagir. Sans avoir trouvé de solution, je me suis relevée et là. Il est arrivé le tsunami qui ne laissait plus place au doute. Mon mari, mort de rire, m’a jeté la serpillière pour contenir l’inondation. Moi je ne savais pas si je devais rire ou pleurer. J’ai commencé à être prise de panique. Je savais que ce signal marquait l’arrivée de notre crevette dans les heures qui suivaient. J’ai finalement rappelé la maternité.

“Je vous avais dit de revenir dans une semaine pas dans une heure“ m’a gentiment taquiné la sage-femme.

Le point positif c’est que mon sac était prêt suite à notre alerte de l’après-midi. Nous nous sommes donc remis en route direction l’hôpital. Il était environ 21h. Arrivés sur place, on nous a expliqué la situation. On allait attendre 24h et voir si le travail se déclenche naturellement si ce n’était pas le cas dans ce cas, des mesures allaient être prises pour déclencher l’accouchement. J’espèrais de tout coeur que mon corps allait se préparer de lui-même à expulser ce petit habitant qui arrivait en fin de bail.

Avant de rejoindre ma chambre, j’ai eu droit à vivre mes premiers instants de douleurs lors de la pose du cathéter. Toutes les sages-femmes ont défilé pour essayer de me le mettre, elles m’ont toutes fait exploser les veines, de la main, de l’avant-bras, à droite, à gauche. Finalement, elles ont décidé d’appeler l’ambulancier. Il est arrivé en roulant des épaules genre, je suis l’homme de la situation. Il s’est planté et a lui aussi fait éclater la veine, une de plus. Finalement, dans une seconde tentative et un peu penaud, il a réussi à poser ce satané cathéter et nous avons pu nous rendre en chambre. Les contractions n’ont pas tardé à se faire ressentir, d’abord gérables puis de plus en plus douloureuses. A minuit, je faisais les cent pas dans les couloirs de l’hôpital en m’agrippant à mon mari à chaque contraction. Vers 1 heure du matin, j’étais à deux cm. On nous a dit qu’on pouvait gentiment rejoindre la salle d’accouchement. La douleur était déjà assez forte alors que le travail venait de commencer. J’avais pas le choix de patienter, la péridurale ne pouvait être posée qu’à partir de 3cm m’a-t-on dit. Je n’avais pas planifié de la prendre mais vu les douleurs, je sentais que j’allais en avoir besoin. On m’a dit que j’avais le choix entre le ballon thérapeutique ou un bain pour combattre la douleur. Génial. J’avais plutôt envie d’une anesthésie générale mais j’ai opté pour le bain. Il faut qu’il soit très chaud pour aider à faire avancer le travail m'a-t-on précisé. J’étais à 4cm lorsque je glisse dans l’eau bouillante. Il est environ 2h du matin. Mon mari essaie tant bien que mal de me soulager en me massant bas du dos, il me demande si ça me fait du bien mais je peux pas lui répondre. La douleur me coupe la voix. Chaque contraction est si vive. J’ai l’impression qu’elle me tire vers le fond, qu’elle essaie de me noyer dans mon propre corps. Je ne sais pas comment me mettre dans cette baignoire, aucune position ne me permet d’avoir un tant soit peu de repos. Je n’arrive pas à échapper à cette douleur. Je gémis pour m’empêcher de crier tellement la douleur envahie mon corps. Voyant ma souffrance, la sage-femme décide de faire un nouveau contrôle. Je suis à 8cm. Il est 2h40. La théorie de 1cm par heure que l’on nous a enseigné aux cours accouchement vient de voler en éclat. Je sens que la sage-femme panique un peu vu l’avancée soudaine du travail. On me fait sortir du bain. Mon mari me demande si je veux pas prendre la péridurale. C’est trop tard répond la sage-femme, le bébé va bientôt arriver. Je me sens complètement perdue. Je plane de douleur. On me demande de changer de position. Je comprends rien. Je demande si c'est à moi qu'on s'adresse. "Oui Madame c'est, à vous". Je sens que mon mari m’éponge le front. Il s'éloigne, je panique. Je n'ai pas mes lunettes, je ne vois rien. Un instant après, je sens qu'il est de retour avec une compresse froide sur mon front.  J’aperçois qu’une autre sage-femme arrive. Les contractions redoublent encore d’intensité. J’en peux plus. Je hurle de douleur. Aussi étrange que cela paraisse, j'ai envie de sortir de mon corps. D'ôter ma peau et mon gros bidon comme un gros pyjama, déposer le tout au pied du lit d'accouchement, balancer un " finalement, c'est pas pour moi ce genre de choses, merci." et me barrer en courant. 

On me propose du gaz hilarant. Je prends. J’aurai préféré de la cocaïne, de l’ectasy n’importe quoi qui puisse me soulager. Mais je prends. 

Et bien, désolée de vous décevoir, mais ça ne m'a pas rendu du tout hilare. Mais alors pas.du.tout. Ça m'a peut-être juste aidé à réguler ma respiration parce dans un élan de désespoir de voir ma souffrance s'atténuer j'inspirais comme un vieux chameau en fin de vie dans ce masque à chaque contraction soit environ chaque deux minutes. 

J'ai poussé, souffert, crié durant plus d'une heure et bébé ne sortait pas. Il faisait des va-et-vient. Oui comme son cher frère deux ans après. Exténuée, je vois les sages-femmes se concerter pour savoir s'il fallait appeler le gynécologue de garde. Je les sens stressées. Bébé avait quand même trois semaines et demi d'avance et je me trouvais dans un hôpital pas équipé pour accueillir les prématurés. On m'avait averti qu'en cas de complication, il serait transporté, en ambulance ou en hélicoptère vers un autre centre. Et moi, je le suivrai le plus vite possible m'avait-on dit. Cette pensée d'être séparée de mon bébé m'avait glacé le sang et je l'avais vite balayé de mon esprit. 

Bref. Finalement. Elles décident de l'appeler. Elles me disent que le coeur de bébé faiblit, que les contractions le fatigue et qu'il faut l'aider à sortir le plus vite possible. 

Quelques minutes après débarque la médecin de garde. Haute comme trois pommes et douce comme un cheval de trait, elle enfile ses gants et me disant qu'il faut arrêter de crier de la sorte. Je prévois de l'étrangler avec le cordon ombilical dès qu'elle aura terminé sa mission. 

"Bon Madame. Faut sortir ce bébé maintenant, soit vous le faites vous en poussant de toutes vos forces, soit je le sors au forceps."

Je m'imagine mon bébé avec la face de Scream. Le choix est vite fait. Je rassemble mes dernières forces pour extraire ce petit squatteur d'utérus. 

4h23. Le voilà enfin. 

[Rassurez-vous, à 4h23, j'avais pas cette tête et bébé non plus, hum. Cette photo a été prise environ une heure après.]

On me le dépose sur moi. J'en reviens pas. C'était vraiment un bébé qui se cachait en moi. Waouh. J'en prends plein la tête. J'avais presque oublié ce pourquoi je souffrais depuis des heures sur cette table. En une seconde, je passe d'une douleur innommable à un état d'euphorie incroyable.

Je commence à trembler comme une feuille, je claque des dents, des larmes de joie viennent couvrir celle de douleur. Mon mari s'inquiète de me voir ainsi. 

“C'est normal, c'est un état de choc en raison de l'adrénaline" le rassure l'équipe médicale. Mon mari me couvre de baisers, il pleure lui aussi à chaudes larmes. Nos émotions sont si intenses qu'aucun mot n'est assez fort pour les décrire. 

Très rapidement, on me prend mon bébé pour lui donner quelques gouttes de sucre en raison de sa prématurité, le peser et l'habiller rapidement pour pas qu'il ne prenne froid et brûle encore davantage de calories. 

Lors du contrôle des 36 semaine, la veille, mon médecin avait estimé le poids de bébé à 2,5kg. Quel bonheur quand la sage-femme crie depuis la petite pièce d'a coté qu'il fait 2,6kg. Moins de cent grammes et son suivi aurait dû être beaucoup plus conséquent. Ouf, pas de transfert pour nous. 

On profite des deux heures de surveillance en salle d'accouchement pour faire connaissance avec notre plus beau cadeau de Noël. Vient ensuite le moment de retourner en chambre, je marche en m'appuyant sur le berceau à roulettes de mon bébé tout en l'admirant. Je suis maman. J'en reviens pas. 

Je marche comme si revenais de la guerre, ce qui était un peu le cas. J'avance autant vite qu'un paresseux sous morphine. Mais j'm'en fous. J'ai tout gagné.

La bataille, la guerre, un bébé.

Mon bébé.

Et même un petit déjeuner. 

[Ma fierté n'a plus de limite.]

[Mon bonheur non plus.] 

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