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  • Photo du rédacteurNatacha M.

Lui dire adieu...


Aujourd'hui, j'ai le coeur lourd parce que j'ai dû tourner une page que je n'étais pas forcément prête à voir derrière moi...

Titi. Comme pour alléger ce poids qui alourdit ma poitrine depuis que j'ai su que cette journée allait être sa dernière, j'ai besoin d'écrire ... Chaque mot que j'inscris ici me semble faire honneur aux près de deux décennies passées auprès de cette douce jument que l'on avait surnommé Tiamo

C'était en automne, il y a 18 ans que notre histoire a commencé. Comment? D'une manière plutôt rigolote et rien que d'y penser, j'esquisse un sourire. 

Etant gamine, j'étais passionnée des chevaux. Une passion que je partageais avec ma super copine, Stéph, que j'ai la chance d'avoir toujours auprès de moi aujourd'hui. On passait les récréations, mon bras accroché à son bras, à papoter chevaux et à s'imaginer du haut de nos dix ans chevaucher des montures incroyables sur les plus belles plages du monde. Sauf que. 

Il y a toujours un sauf dans les histoires non?

On avait un problème de taille parce que ses ni parents, ni les miens n'étaient décidés à nous laisser pratiquer l'équitation. Trop cher, trop dangereux, trop contraignant. Niet, on avait épuisé nos cartes, c'était clairement mort de ce côté. Mais il en fallait bien plus pour décourager ces deux gamines rusées comme des belettes. 

On a commencé à répertorier les chevaux et les écuries dans notre village et les villages voisins. Le but? Essayer de dénicher des chevaux que leurs propriétaires nous laisseraient soigner voir même monter. Nos parents pourraient rien nous dire si on arrivait avec cette solution sur un plateau. On a écrit des lettres, on a fait des dessins que l'on joignait aux enveloppes. On a essuyé quelques échecs puis.. on a reçu un oui. Pour cette jument franche-montagne qui se cachait dans une écurie à l'arrière d'une maison du village. On était excité comme des puces. Nous sommes allées la voir pour la première fois à l'automne 2001. Son propriétaire était d'accord que l'on vienne régulièrement la soigner. C'était juste... waouh. On était clairement les deux filles de 12 ans les plus heureuses de la planète à ce moment là. 

La semaine suivante déjà, le propriétaire de celle que l'on avait rebaptisé Tiamo, puis Titi parce que l'on arrivait pas à prononcer son nom suisse-allemand, nous propose de la prendre pour une petite balade tranquille. On savait monter plus ou moins, mais plutôt moins que plus. Disons que l'on avait peu d'expérience et notre petite jument nous avait tout de suit sondé. Notre première balade a été mémorable. On est monté sur son dos à tour de rôle pour ce qui devait être une promenade tranquille. Sauf que..

Je vous ai dit qu'il y avait toujours des sauf dans les histoires..

On avait pas pris en compte que se balader tranquillement dans un pâturage n'était pas chose possible avec tout cheval. Du coup, elle nous avait embarqué au galop et on avait clairement vu notre vie défiler. Je me souviens encore de cette montée d'adrénaline de malade, je crois que j'ai même pas vraiment compris ce qu'il m'arrivait mais.. on a tenu bon. On est pas tombé et on y est retourné chaque semaine. Rien de nous arrêtait, ni la pluie, le vent, le gel, la neige. On aimait dire qu'il n'y avait pas de mauvais temps pour aller à cheval.  On avait qu'une monture pour deux donc souvent on montait sans selle, les deux sur son dos. On se racontait nos problèmes d'ados au rythme des sabots et la vie devenait tout de suite plus légère. Les années ont défilé et elle était toujours là, nous aussi. On a appris à se connaître, à dompter son sale caractère de vieille mégère. On a vécu des moments juste incroyables avec elle. Des fous-rires de malades lorsqu'on a galopé à trois sur son dos. Rassurez-vous on était du type freluquette et la somme de notre poids ne dépassait pas celle d'un adulte. 

A y repenser, je ne suis jamais tombée de son dos en 18 ans. Stéph, qui lira ses lignes en souriant, ne pourra pas en dire autant. Je me souviens de cet hiver alors que je montais un autre poney l'avoir vu disparaitre du paysage soudainement .Mdr. Elle était tombée dans un ruisseau avec Titi. Plus de peur que de mal, heureusement et je glousse rien que d'y penser. Titi avait aussi la fâcheuse manie de se rouler dans la neige. J'avais été épargnée mais je me souviens, quand Stéph, encore elle, avait dû sauter de son dos en la voyant plier les antérieurs pour se faire une bonne savonnade dans la poudreuse. 

On a même fait quelques concours avec notre Titi. Elle détestait tellement grimper dans le van qu'il fallait la porter à l'intérieur, une vraie tête de mule. Par contre, elle adorait courir et elle était plutôt rapide pour dire qu'elle avait déjà 12 ans quand on l'a rencontré.. oui, on avait le même âge. Avait puisqu'elle est partie aujourd'hui.

Je sais bien qu'elle avait atteint un âge honorable, qu'elle a eu la vie de cheval rêvée, choyée, entourée, au pré. Qu'elle ne souffre plus désormais mais... 

C'est dure de fermer ce chapitre. C'est le plus doux de ma jeunesse. C'est elle que l'on se réjouissait de voir alors que les études, les exams nous étouffaient. C'était juste notre bouffée d'air. Notre oxygène. Elle nous a tant apporté, tant appris.

Ces pages que l'on a écrites avec elles ont perdu un peu de leur couleurs aujourd'hui mais n'ont rien perdu de leur valeur. Je m'y replongerai chaque instant où le besoin se fera ressentir.

Je ferme les yeux et je sens l'odeur de la terre humide, les feuilles d'automne sous ses sabots, la chaleur du bonheur dans ma poitrine. Notre premier automne et les 17 suivants. 

Merci Titi.   

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