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  • Photo du rédacteurNatacha M.

Opération "Exit Lolette"


On les adore, on les déteste. La relation qu'un parent entretient avec ce qu'on appelle lolette, sucette, tétine, tototte, nouki enfin bref cette petite chose que vous glissez dans la bouche de votre enfant pour le calmer est plus qu'ambiguë. Je pense sincèrement que le lien qui nous lie à ce morceau de plastique, silicone - peu importe sa composition- mériterait un travail de doctorat en psychologie cognitive.  

Oui, c'est sûr, on l'adore quand elle calme notre nouveau-né alors qu'on prend maladroitement nos marques dans notre vie de parents. Puis, on la déteste quand elle glisse sous le siège de la voiture. On l'adore, à nouveau, quand au milieu de la nuit, elle met un terme immédiat aux cris de votre protégé qui se rendort paisiblement en la suçotant dans un concert de petits grognements mignons. Puis, on la déteste quand, toujours au milieu de la nuit, elle tombe entre les barreaux du berceau de bébé [côté mur évidemment].  

Puis, malgré après une période faite de phases d'adorations et de haines vient le moment de la rupture. Déjà au contrôle des 2 ans, notre pédiatre nous avait dit qu'il fallait commencer à limiter la lolette. Je peux vous dire que Mini#1 ne l'entendait pas de cette oreille. On s'est battu pour qu'il ne la prenne seulement à des occasions bien précises: la nuit et les bobos. Oui, mais. Comment je réagis quand, futé comme un petit renardeau, Mini#1 vient vers moi et me regarde avec ses yeux de basset artésien normand en me disant qu'il a mal au ventre et a besoin de sa lolette ?!

Peut-être que j'aurai dû préciser que c'était seulement pour les blessures ouvertes... avec saignements conséquents. Bref.

On a vite compris que lui enlever sa lolette allait être une mission d'un degré de complexité élevé. 

Il y a quelques jours, lors du contrôle des 3 ans que nous avons fait avec un peu d'avance, le couperet est tombé. Notre pédiatre a regardé les dents de Mini#1 et m'a demandé si ce petit monsieur avait encore la lolette. J'ai bredouillé qu'on avait beaucoup de peine à lui enlever, qu'il ne l'avait plus que la nuit mais qu'on ne savait pas trop comment passer ce cap pour la supprimer définitivement. 

C'est alors que notre opération commando "Exit lolette" a débuté.

Mon pédiatre m'a demandé si je parlais anglais. J'ai acquiescé et il m'a expliqué dans la langue de Shakespeare - pour pas que le principal concerné capte notre plan machiavélique- comment il avait procédé avec ses quatre enfants. Il m'a dit qu'il fallait orchestrer une perte de lolette à un endroit à l'extérieur de la maison, que ce soit lui qu'il l'oublie quelque part, qu'on essaie de la retrouver sans succès et que après une ou deux nuits de frustration, le chapitre lolette serait clôt.

C'était une situation assez comique. J'avais l'impression d'être une espionne de la CIA en plein briefing, dans une pièce remplie d'ours en peluche avec des coloriages d'enfants sur les murs.  Et qui dans le rôle de Charlie? Mon pédiatre. WTF. 

A notre retour, j'ai expliqué à mon co-équipier de mari qu'il fallait qu'on décide quand on allait mettre notre plan à exécution mais qu'il ne fallait pas trop attendre parce que les dommages sur les dents de Mini#1 commençaient déjà à se voir. J'ai pensé organiser l'égarement de lolette dans un marché de Noël. Beaucoup de monde donc facile d'y perdre une lolette et ce type d'événements reste fatiguant pour des enfants donc ça augmentait nos chances d'endormissement malgré la crise potentielle que cela allait déclencher.

Mais finalement, ça ne s'est pas du tout déroulé selon ce premier plan. Et j'en suis bien contente parce que j'avoue que ça me stressait rien que d'y penser.

Cela s'est fait de manière bien plus naturelle. Mini#1 a passé le week-end dernier chez des amis proches avec son frère. Comme d'habitude, j'avais glissé sa lolette et son doudou dans le sac mais il y a eu une confusion et finalement Mini#1 est allé se coucher sans sa lolette habituelle. Il en a pris une autre, une plus petite, qu'il a apparemment gardé dans la main mais sans la mettre dans sa bouche. De retour à la maison, lorsque nos amis nous ont raconté ça, on a sauté sur l'occasion.

Le soir, on l'a couché sans lolette en lui disant qu'on ne la trouvait plus et qu'elle était sûrement restée quelque part chez nos amis. Mini#1 l'a assez bien pris. Il n'y a pas eu de pleurs. Il a mis un peu plus de temps à s'endormir mais c'est allé. Durant la nuit, par contre, il y a eu des pleurs. Il sanglotait dans son sommeil sans réclamer sa lolette pour autant mais on savait bien que c'était ça et je vous jure que l'entendre me brisait le cœur. Nous sommes allés le consoler avec mon mari. Nous lui avons fait des câlins, caressé le dos et il s'est rendormi sans grande difficulté.

Le lendemain, la première sieste sans lolette a aussi été pénible. Le petit renardeau futé a commencé à fouiller le sac à langer à la recherche d'une lolette et bien sûr il en a trouvé une vieille, trop petite certes, mais il ne voulait plus la lâcher. Il a pleuré tout en me demandant d'aller rechercher sa lolette chez nos amis. Je lui dit que j'allais essayé de la retrouver mais qu'on ne savait pas vraiment où elle était. Je lui ai dit qu'il avait réussi à dormir sans la nuit dernière et qu'il allait y arriver. Je l'ai rassuré tout en lui chantant des chansons et finalement il s'est endormi. Au réveil, il est venu me voir avec un grand sourire me disant à quel point "c'était bien ce dodo". Il n'était donc pas si traumatisé que ça, et heureusement.

Les nuits suivantes se sont bien passées. Pas de pleurs mais bon sang j'ai découvert une autre utilité à feu notre lolette. Fermer le bec aux petits bavards. Il n'arrête pas de parler! Je ne sais pas de qui il tient ça [ euh mon mari me glisse dans l'oreillette que je suis payée pour le faire, hum.]  bref, et je ne sais pour quelle raison, il faut qu'il trouve sa source d'inspiration toujours au moment du coucher. Le moment où nous, parents, sommes complétement au fond du bac. Finalement après de longues minutes de patience, les petits ronflements tant espérés se font toujours entendre et ce malgré la disparition de sa tendre lolette. 

Cela fait maintenant une semaine que Miss Plastique ne fait plus partie de nos vies et je peux vous dire que moi et mon co-équipier de mari, nous tirons un premier bilan très positif. Il est vrai que les pleurs étaient difficilement gérables parce que ces larmes coulent quand même en partie par notre "faute" ou du moins en raison de l'une de nos décisions. Néanmoins, on a réussi à ne pas flancher et notre petit lolleur professionnel a bien géré son sevrage.  Je sais que certains préconisent l'option qui consiste à attendre que l'enfant soit prêt. Chaque parent connaît son enfant par cœur et je peux vous certifier que le mien n'était pas prêt de la lâcher de son plein gré de sitôt. On avait pourtant essayer d'autres pistes - la confier à une peluche par exemple-  mais sans succès.

Je me dis donc que ces quelques sanglots seront bien vite oubliés [si ce n'est déjà pas le cas] et vont peut-être lui épargner de devoir embrasser sa première copine avec un appareil dentaire. Un jour, il me remerciera - ou pas. 

Ou peut-être que sa copine me remerciera.

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