À cet été si particulier...
- Natacha M.
- il y a 22 heures
- 4 min de lecture
Il était temps que je revienne vous voir par ici... les aventures continuent de plus belle sur terres canadiennes depuis début juin mais la cadence d'une vie sur la route ne me laisse que très peu de temps pour mettre par écrit mes ressentis. Pourtant, j'ai besoin de poser des mots sur cette période, sur cet été si particulier. Que je veux graver.
Je sens au plus profond de moi que je me trouve entre deux eaux, entre deux continents et au carrefour de mon destin. J'ai tant rêvé de cette aventure au Canada, mais la vie nous a testés, nous a fait patienter, peut-être même qu'elle nous a un peu défiés. Quoi qu'il en soit, depuis début juin, on savoure ce roadtrip sur les routes du Nouveau-Monde. On se projette ici ou ailleurs ?

Un voyage qu'on a voulu plus lent et moins stressant que nos deux autres tours d'Europe. On se laisse porter par les paysages, les coups de cœur et la brise de nos envies. On oublie les dates, les jours de la semaine et les impératifs qui pèsent tant. Quand bien même le confort rudimentaire de la vie en véhicule et la promiscuité peuvent parfois sembler étouffants, la liberté qui se dégage de ce mode de vie atypique me confère une bouffée d'oxygène qui me fait me sentir pleinement en vie. Je ne consomme plus rien d'inutile, que le strict nécessaire et je me nourris des couchers de soleil, des cris des oies qui nous survolent, de l'air iodé dans mes narines, des baignades en pleine nature et des instants qui n'appartiennent qu'à nous cinq (six, mon Lulu).
J'explore et je découvre. Avec eux et à travers eux. C'est ainsi, dans une quête sans fin de ce qui se cache derrière l'horizon, que j'aime à me découvrir moi-même aussi. Qu'est-ce qu'on construit ensuite ? Quand tout est possible et que les choix sont sans limite ou presque, les questionnements existentiels prennent une tournure intense presque démentielle. Être libre c'est aussi enivrant qu'angoissant, aussi euphorisant que tétanisant. Demain m'appartient, mais moi, à quel demain je veux appartenir ?

J'ai peur aussi, parce que je sais que cela ne durera pas. L’éphémérité ne rime-t-elle pas avec préciosité ? Ce long été sous le soleil canadien, auprès de mes fils et mon mari. Nous seuls et le reste du monde. Loin de tout et si proches de nous. Tout ça, je sais que je ne le revivrai pas. Le temps ne revient pas et c'est bien le moto qui m'a poussée à tout plaquer. J'ai tellement conscience de ce temps qui passe, que je ne peux pas me résoudre à offrir ce trésor à d'autres personnes que mes fils et mon mari. Dans l'ombre sont tapis les sacrifices que j'ai dû faire pour réaliser ce rêve, qu'ils soient matériels ou émotionnels. Dans la vie, on a rien sans rien. C'est un adage que je répète à mes garçons. Ce n'est pas en enviant ton voisin que tu vas changer ton destin.

Je ressens, en cet été si particulier, que je suis entre deux eaux, entre deux maux aussi peut-être parfois mais surtout entre deux chapitres de ma vie. Cette aventure nomade m'a tellement repoussée dans mes derniers retranchements. Elle m'a montré véritablement la vie à travers un autre prisme, loin de la surconsommation, de la performance, du regard des autres. Je n'ai plus d'étiquettes sur mon front, sauf celle que je veux bien me coller. Quand bien même je sais qu'on devra retourner dans ce moule jugé trop exiguë, j'ai également compris qu'on a tous la capacité de modeler ce cadre pour qu'il corresponde davantage à notre image. C'est sur ce point que je devrai m'atteler.
Le plus dur dans tout cela, c'est que la décision n'engage pas que moi. On est cinq à écrire cette page qui déterminera la suite de notre ouvrage. On partage nos ressentis, nos besoins, nos envies. Et on avance ainsi.

C'est vrai que la fatigue du nomadisme commence à se faire ressentir, un certain besoin de se stabiliser pour se permettre d'abaisser la garde. La vie nomade oblige une vigilance permanente. Un état d'alerte de jour comme de nuit pour éviter les accidents routiers, les ennuis mécaniques, les mauvaises rencontres, les mésaventures, les problèmes de santé, les arnaques, les cambriolages, les alertes météo, les endroits interdits, les attroupements bruyants, les rodéos routiers, les canicules, les attaques de moustiques et j'en passe. Derrière le sunset instagrammable, il y a d'autres réalités, souvent moins glamours.
Quoi qu'il en soit, cette aventure nomade et surtout cet été canadien laisseront une empreinte indélébile dans nos coeurs. À l'heure où l'automne fera bientôt ressentir les premières brises de fraîcheur, nous garderons pour toujours la chaleur de ces moments inoubliables vécus sur le Nouveau Continent.

Merci d'être là <3 j'espère que ce sera aussi le cas pour le prochain chapitre.
Douces pensées des rives du St-Laurent
N.
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