On ne savait pas jusqu'à la dernière minute si on allait vraiment partir. On ne savait pas si c'était le bon ou le mauvais choix, on ne savait pas réellement comment la crise se vivait là-bas, ni comment les choses allaient tourner lors de notre séjour à l'étranger...
Les "tu pars ou pas toi ?" sont devenus le fil rouge de toutes les conversations depuis la fin du printemps.
À tel point, qu'on se sentait presque un mauvais citoyen de quitter le pays pour cet été particulier. Un jugement souvent hâtif parce que c'est si réconfortant de penser qu'on est en sécurité si on reste sur nos terres, si rassurant de se dire que le mal est ailleurs mais pourtant si naïf de croire que celui qui trouble nos vies depuis plusieurs mois s'arrêtera poliment à nos frontières en tenant compte de la neutralité de notre doux pays.
Je suis la première à aimer explorer nos vallées alpines, nos lacs de montagnes, nos Alpes et nos vieilles villes pleines de charme, crise sanitaire ou pas.
Pourtant, on a décidé de partir cet été surtout pour voir la famille évidemment. Mais pas que.
C'est important de soutenir les prestataires touristiques suisses évidemment mais c'est aussi important de mettre les choses en perspective.
Le secteur touristique représente environ 3% du PIB helvétique contre 12 à 13 % dans des pays du Sud comme l'Italie ou l'Espagne. Si le tourisme suisse vivote, dans ces pays, il suffoque. La manne des vacanciers ne devient plus une marge confortable mais un pansement sur un cœur qui saigne.
La gestion de la situation actuelle ne dépend pas, selon moi, de l'endroit où l'on se trouve mais de la façon dont on se comporte. Rappelons juste au passage qu'au début de l'été, la Confédération a indiqué que 25% des contaminations venaient de l'étranger. Quoi?
Fermons nos frontières !
Je glousse parce que si l'on aborde la balance autrement, ça veut dire que 3 contaminations sur 4 ont lieu chez nous. Dans nos bars, nos discos et tous ces lieux bien suisses où on se croit en sécurité.
Je me dis aussi que si les euros que j'ai dépensé ici, chez ce coordonnier, dans cette boutique ou ce restaurant, ont permis de remettre quelques gouttes dans un moulin fatigué, je pense que l'on a bien fait de venir. Parce que j'estime que la solidarité ne doit pas s'arrêter à nos douanes.
Je crois que l'on doit apprendre à vivre d'une nouvelle manière et je l'ai bien remarqué en Italie. Habitués à un confinement strict surveillé par la police et l'armée, les citoyens d'ici (pour la plupart) se montrent rigoureux envers les consignes, masques, désinfectant et l'on attend son tour pour entrer dans les commerces exigus.
On a eu le bonheur de profiter de la beauté des panoramas des Pouilles, de la douceur de la mer, de la chaleur du sable sans pour autant se mettre en danger.
Malgré le contrôle quotidien de l'évaluation des contaminations, on a pu et su apprécier chaque gorgée de ce café glacé et chaque miette de ce pasticiotto qui nous ont rappelé les autres étés ici... mais aussi à quel point celui-ci était différent.
Bel été et prenez soin de vous.
N.
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